mercredi 4 septembre 2013

UltraTrailRunneuse…


Une UltraTrailRunneuse est née…  ce que ça veut dire…  c’était mon premier Ultra…  mais certainement pas mon dernier…



Je suis Ultra fière j’étais Ultra raquée le lendemain…  j’ai Ultra hâte de vous raconter…  quand tu utilises le mot Ultra à toutes les sauces, c’est que tu as la piqure…

Les jours qui précèdent c’est un mélange de stress, d’angoisse et d’excitation que je vis…

Oufffff….   50km de TrailRunning…  9h06 entre l’arrivée et le départ…  je viens de vivre l’épreuve sportive la plus difficile et la plus longue dans ma vie…  et en même temps la plus mémorable…  je suis sans mot…  difficile de dire comment je me sens…  ça ne se décrit pas…  c’est en dedans de moi…

La semaine précédente…  pas de course…  pas 1 seul petit km de course entre le lundi et le dimanche, jour « j »…  un peu de vélo, mollo, c’est tout…  je gardais mes jambes et mon énergie pour le National50…  j’ai même mis mon cerveau pas mal à off…  car parfois les choses de la vie te grugent de l’énergie… 

À qq jours du National50 je regarde la liste des inscriptions  j’aime savoir qui sera là  qui je connais…  combien de filles prendront le départ…  pour la 1ère édition le nombre de coureurs était limité à 50…  je constate que je connais près de 20 des coureurs à prendre le départ…  c’est rassurant et bien l’fun de savoir que je les verrai la veille et le matin même…  car je ne me fais pas d’illusion, je sais que sur le parcours je ne verrai pas beaucoup de coureurs…  je ne suis pas la plus rapide, voir pas rapide du tout…  c’est rassurant de savoir que des visages connus seront là…  mais en même temps ça ajoute un certain stress…  car certains de ces participants n’en sont pas à leur première expérience dans ce type de course…  et certains sont de bons, très bons coureurs  mais je me dis que c’est en côtoyant les grands que je deviendrai grande…

Je ne sens pas de rivalité entre les TrailRunneurs  c’est plus une grande fraternité, et pourtant certain bataillerons pour les premières positions…  ce qui n’est pas mon cas…  ma seule bataille sera de me rendre à l’arrivée…

Lire et relire encore la description du parcours…  ça fait partie de mon quotidien à qq jours du départ de cette grande aventure…  je veux le connaître par cœur…  savoir combien de km séparent chaque ravito…  avoir une idée de ce qui m’attend…


Il faut aussi tout préparer…  en plus nous serons en camping la veille du départ…  plus de choses à penser…  il ne faut rien oublier…  je dois aussi préparer mon DROP BAG….  eeee…  je n’ai jamais fait ça moi…  je place quoi dans ça…  je place ça comment?...  trop c’est comme pas assez….  mais fidèle à moi-même j’apporte trop de choses…  je ne manque de rien…  si ça prend juste ça pour m’enlever un peu du stress que j’ai…  j’y place donc tout plein de trucs dans des ziploc car on ne sait pas vraiment ce que Dame Nature nous réserve…  j’y place donc des jujubes, chips, Pepsi…  Tylenol, Advil, plaster, crème solaire, chasse moustique….  des bas secs, camisole, seconde paire de SpeedCross…

Il y a aussi le choix du ti-kit de course….  et des runnings…  car pour aller faire 50km de Trail il faut un minimum de confort…  ce n’est pas comme partir faire un 5km et se dire, haaaa j’aurais du porter ceci ou cela à la place…


C’est donc la veille de la course qu’on prend la route…  nous avons la chance de tous nous retrouver au camping du Lac Bernard dans la Réserve Faunique de la Mastigouche…  je vous entends me dire « mais c’est ou ça? »...  ben c’est nulle part en haut de St-Alexis des Monts…  désolé pour ceux qui ne sont pas d’accord…  mais quand le GPS à de la difficulté pour moi c’est comme un signe…  tous les coureurs sont au même camping… nous y prendrons le départ à 6h30am le dimanche… vous avez bien lu 6h30am… rien de moins… pas le choix quand on sait que le temps limite pour compléter l’épreuve est de 10h30… ils nous veulent sorti du bois avant la noirceur, car on le sait dans le bois il fait noir tôt…

Je profite du fait qu’on arrive dans l’aprem pour bien nous installer et placoter avec les coureurs déjà sur place…  essayer dans savoir plus sur les conditions du parcours, car il y a eu de la pluie dans les derniers jours…  je profite en plus des services du physio sur place pour me faire faire un taping à ma cheville gauche qui est sensible depuis une foulure il y a un peu plus de 4 semaines…  on partage le souper en gang assiste à la réunion d’avant course avec toutes les consignes d’usage  on sent la fébrilité dans l’air…

 
Dans la nuit précédente je n’ai pas très bien dodo…  premièrement Marly et le camping ce n’est pas tellement « winner »…  et j’ai fait un drôle de rêve…  j’ai rêvée que je regardais ma montre et qu’il était déjà 4am et je me sentais prête à me lever, bien reposée…  « wrong »…  il était une heure du matin et je croyais que me montre était mélangée…  lol…  probablement que j’avais trop hâte de prendre le départ…

Se lever au milieu de la nuit…  alors que le jour se lève à peine…  les yeux collés…  la lampe frontale dans le front…  c’est notre réalité le dimanche matin…  je sens qu’on est tous là pour la même chose…  on entend tout le monde qui ramasse et se prépare sur son terrain de camping…  tout cela à la frontale, car la nuit est encore bien présente…  c’est rare qu’il y a de la vie sur un camping à 5am….  mais pas le choix de tout ramasser car nous ne reviendrons pas…  nous arriverons à St-Mathieu du Parc…  50km de Trail plus loin…  mais en voiture on parle d’environ 1h30 de route… Il ne fait pas très chaud au petit matin… mais Dame nature ne nous a pas envoyé de pluie… « thanks to her »… 


Merci à mon « bénévole » perso qui s’occupe de tout l’aspect camping…  démontage à la frontale…  alors que je me concentre sur ma préparation…  alimentation, sac d’hydratation et habillement…
 
 
 
 

Je vais tenter de tout remettre dans l’ordre dans ma tête…  50km ce n’est pas rien…  Le National 50 c’est un parcours linéaire de 50 km, avec un dénivelé positif de plus de 1700 mètres, entre la réserve faunique Mastigouche et le parc Récréoforestier Saint-Mathieu…
 

6h30…  signal de départ…

 


L’épreuve commence par l’appel des coureurs…  Mario, un des Ultra organisateurs, appel tous les coureurs pour s’assurer que nous y sommes tous…  et le coup de départ est donné à 6h30 précis…  41 coureurs prennent le départ…  au 2e ravito on apprend qu’une femme à déjà abandonnée…  je crois qu’au final 3 coureurs n’ont pas franchi la ligne d’arrivée…  parfois il faut savoir s’arrêter…  probablement une décision des plus difficile à prendre, je lève mon chapeau à ceux qui le font et ainsi pourront revenir plus fort…

Je prends le départ en ayant en tête, les 2 « cut off » à respecter…  nous devons passer au Lac Shawinigan, soit le 28ekm en 5h45 et le ravito du Lac en Croix, soit le 38ekm en 8h…  je dois avouer que ça me stress un peu…  je ne sais pas à quoi ça va ressembler…

Je pars avec ma Garmin  je sais qu’elle ne va pas durer tout le trajet…  mais qu’elle va me mener au moins au mon 1er « cut off »…  ensuite de ça je ne suis pas trop inquiète…  je connais pas mal ma vitesse (lente) de course…  et avec une simple montre chrono je peux bien gérer la distance…  surtout qu’à chaque ravito on sait la distance qui nous sépare du prochain.

Le départ est donné en bas d’une côte…  ben oui…  nous avons près de 600 mètres faciles sur le chemin d’accès du camping, avant d’entrer dans la Trail…  un 1er ravito nous attend à 7,77km…  nous sommes dans une section roulante du parcours… au 2e ravito (13,8km)  je prends le temps de manger qq chips et de boire un verre de coke…  car je me suis rendu compte au 3ekm que je n’avais pas pris mon café au réveil…  alors avant 8h30 du matin je buvais du coke et mangeait des chips…  c’est aussi ça un Ultra…

Je cours avec Ève dès le départ…  avec elle, mais pas avec elle en même temps…  on ne sait jamais dit qu’on le faisait ensemble…  tout c’est fait de façon naturelle…  on a déjà fait qq trainings ensemble, on sait qu’on est assez similaire en terme de vitesse…  autour du 7ekm lorsqu’elle m’a dit qu’elle arrêtait qq secondes pour un pipi ce fût naturel pour moi de l’attendre…

Notre premier Ultra on l’a fait par étape…  d’un ravito à l’autre…  après le second ravito…  « Let’s go on part pour un autre 9km »…  c’est beaucoup plus facile que de se dire « il en reste 37… »…  une étape à la fois…  nous quittons donc les ultras bénévoles pour nous attaquer à une série de grandes montées…   9 km nous séparent du 3e ravito situé à 22,8km...

Autour du 20e nous rencontrons Marie-Pier et Noémie qui viennent de faire un pit-stop…  Marie-Pier dit avoir essayée le chemin à droite à côté du refuge qui ne mène nulle part…  ça nous évite de faire l’erreur à notre tour…  on court derrière elles qq km mais elles sont plus rapide que nous…

Au 25ekm on a lâché un petit cri de joie…  « half way »…  3h30 après notre départ… mais ce n’était pas « half time »…  et on en était bien consciente…  tout allait bien…  mes jambes étaient encore « top shape »…

Peu avant le 28e km nous nous faisons à nouveau dépasser par Noémie…  eeee…  mais tu fais quoi derrière nous toi?…  elle nous apprend que Marie-Pier est également derrière…  elles ont 1km de plus que nous à leur Garmin…  Marie-Pier nous confirme ne pas savoir comment elles ont fait ça…

Ravito du 28ekm…  premier « cut off » de la course…  pas d’inquiétude nous sommes bien en avance sur le temps limite…  je prends le temps de changer de bas  et surtout de « taper » une ampoule…  je change de camisole…  je bois du coke et je mange qq bouchées, dont des chips…  c'est aussi ça un Ultra...

C’était notre dernier ravito pour les 10,3km à venir…  et quelle section…  la plus difficile de tout le parcours…

La première ascension de ce tronçon a une inclinaison moyenne supérieure à 20% selon la description du parcours que j’ai lue…  du km 28 au 38…  2h06 de monte et descend… mais du monte beaucoup…  en résumé monte, monte, descend, descend encore et remonte… et descendre encore pour mieux remonter…  j’aime les montées, j’aime les montées…  c'est mon nouveau mantra…  !!!!  Va-t-on finir par arriver au prochain ravito…

Au km 36 environ je dois prendre mon mélange explosif de Tylenol/Advil…  pas le choix…  j’ai tellement mal…  c’est surtout la faute aux descentes…  mes genoux, et ma bandelette droite (principalement)…  insupportable…  mais pas au point de penser à abandonner...

La preuve que ça allait tout de même bien…  j’ai eu le temps de prendre le temps…  de « niaiser » un peu aux ravitos…  un bon 10 minutes aux 28e et 38e  le fait que les « cut off » était franchi a enlevé une pression énorme…  même si tout n’était pas joué encore…

Après le 38ekm il n’y a plus aucun moyen de sortir de là, que de le compléter…  il n’y a plus de porte de sortie, il faut se rendre au bout…  on savait qu’on allait compléter notre premier ultra…  qu’on ne pouvait plus reculer…  même si on le marchait, on le terminait…
 
Le moral était super jusqu’au 42ekm…  c’est ensuite que ça a commencé à être plus difficile sur le mental….  je ne sais pas si c’est à cause du mythique 42km du marathon, qui est en soi ma distance la plus longue en course, même si c’est sur route et non comparable en temps…  ou tout simplement que j’en étais rendu là…

Mais ce n’est parce qu’il ne nous reste moins de 8km sur 50km que nous sommes arrivées…  loin de là…  on nous avait dit de nous préparer…  de nous préparer à l’enfer…  cette section se nomme la « Descente aux Enfers »…  suivra ensuite la « Montée du Purgatoire » : 500 mètres pour expier nos pires péchés… !!!!...  et c’est là que nous retrouvons le dernier ravito sur notre route…  pour ma part il est plus que bienvenue…  les derniers km ont épuisé ma réserve en liquide…

Il ne restait alors que 5km…  mais ouffff quels 5km…  pas nécessairement les plus faciles…  et en plus avec pu de jambes…  ce n’est pas fini, tant que ce n’est pas fini et ça on l’a bien vue…  avec le dernier km en zig zag dans la forêt tout près de l’arrivée, qui semblait ne jamais arriver….  Grrrrrrr….  Je dois confesser qq sacres dans le dernier 5km…  et cela malgré le règlement no1 qui disait « interdiction de chialer »…

Je n’ai pas compté le nombre de fois où j’ai répété « on n’est pas pressées »…  on n’était pas stressé par le chrono…  on voulait tout simplement le compléter…
 
Au moment où je me félicitais intérieurement de ne pas avoir chuté, et cela malgré qq descentes un peu beaucoup abruptes…  au 49e km voilà que je plante solide…  bravo Marly…  tu ne pouvais vraiment, mais vraiment pas compléter sans planter…

Traverser la ligne d’arrivée…  que d’émotions…  je regarde les photos et j’ai encore de l’émotion… 


Un gros merci et félicitations encore à Ève avec qui j’ai réalisé ce méga défi que représente un Ultra en Trail…

Je tiens à féliciter et remercier toute l’organisation de la Chute du Diable  c’était A1+, et cela sans exagération…  les bénévoles aux ravitos je vous donne une médaille…  et quel « buffet » nous avions à certains ravitos…  incroyable…  pour tous les goûts…

 
Le lendemain…

Tu fais quoi « the day after » ton 1er ultra….  tu reposes ton corps…  mais surtout tes jambes…  je suis pas mal raquée du bas du corps…  vous faire la liste en serait trop long…  mais à 1ère vue aucune blessure, seulement Ultra racquée…  ça c’est une excellente nouvelle…  ok, 2 minis ampoules à mon gros orteil du pied droit….  Who cares, 2 ampoules…  je viens de faire 50km…

Je me sens moins fatiguée que je ne le croyais, mais ça va peut-être me rattraper dans les prochains jours…  mais je me sens down…  comme un vide…

Avant le départ j’ai eu le droit à tout plein d’encouragements de votre part…  si vous saviez le bien que ça fait, la motivation que ça donne…  l’énergie…  et en même temps ne m’en voulez pas…  mais ça ajoute un stress…  ce n’est pas comme si personne ne savait que j’allais faire ça…  ça crée des attentes…  je savais en prenant le départ que je ne pouvais pas abandonner… en tout cas je ne pouvais pas abandonner sans aucune raison valable…  car la seule raison pour laquelle j’aurais pu abandonner c’était que c’était difficile et que ça faisait mal…  en ça ben je le savais avant le départ que ce serait tout sauf facile…  pi ben avoir mal ça fait partie de la « game » dans un 50km…  alors quand l’idée d’abandonner, arrêter passait dans ma tête je devais tout de suite la mettre de côté et l’abandonner…

En passant, j’étais partie avec mon Iphone…  non pas pour texter ou facebooker, nous n’avions pas de réseau et je le savais…  mais pour prendre qq photos…  au final je n’en ai pas pris…  le momentum n’y était pas…  j’aurais brisé le tempo…  la concentration sur l’objectif…  ce n’est pas un photo reportage que je faisais…  c’est un ultra et je dois concentrer mon énergie sur ça que je me suis dit…  alors je n’ai pas vraiment de photos sur le parcours…  mais tellement de souvenirs dans ma mémoire…

Je ne peux pas conclure cette chronique sans vous dire…  pourquoi j’ai fait ça…  oui je me suis posée la question…  certain me l’ont demandé…  je fais ça pour me dépasser moi…  je dois avouer qu’une telle réussite, ça donne confiance en soi…  j’ai fait mes devoirs (lire fait mes trainings) et ça a payé, j’ai franchi la ligne d’arrivée…  je le fais, car j’ai la chance de pouvoir le faire…  la capacité physique de passer au travers une telle épreuve, la détermination nécessaire…  mais surtout et avant tout la santé…  car c’est la base…

Je veux aussi montrer aux gens que quand on veut on peut…  ne vous comparez pas aux autres, il y aura toujours qqun de plus vite, de plus fort ou qui ira plus loin…  pour moi, je suis la fille à dépasser…

Qu’est-ce qui vient ensuite…???...  je ne sais pas encore de façon précise…  je vais voir le calendrier 2014 qui va s’offrir à moi…  pour l’instant, pour la fin de 2013 je vais effectuer un bref retour sur la route…  je vais prendre le départ du Demi-Marathon des Microbrasseries le 10 novembre prochain…  je me suis concocter un genre de plan de training sur 8 semaines…  l’adrénaline et la vitesse me manquent… 

 
Marly the PINK Run’Her :-)

 
 

Notes :

Un conseil que j’ai gardée en tête dès le départ…  marcher les grosses montées…  ne pas me bruler là…  et c’est ce que j’ai fait avec Ève…  dès le départ on marchait les montées et je suis certaine que ça nous a grandement servit…

Ce que je ferais différemment maintenant que je sais ce que c’est un UltraTrail…  car veut veut pas l’expérience rentre comme on dit…  alors je vais travailler mon côté technique, car j’y perds des minutes précieuses, même si le chrono est plus ou moins important…  je vais travailler mes montées et mes descentes…  je vais accumuler tout autant de km que je l’ai fait…  les km c’est payant…  je sentais que mes jambes étaient fortes…